Accueillir et encourager les émotions d’un enfant, l’écouter, lui donner la permission de libérer ses tensions, c’est lui permettre de se constituer une personnalité solide, une sécurité intérieure stable afin qu’il aille, serein et assuré, sur son propre chemin.
Nous portons une responsabilité face à ces enfants : les aider à acquérir suffisamment de confiance en eux, de sécurité intérieure et d’autonomie. Il est urgent de prendre en compte le développement de l’intelligence émotionnelle (ce qui se passe à l’intérieur de nous) et relationnelle (ce qui se passe entre les personnes) dans l’éducation de nos élèves.
Accompagner les émotions de l’enfant
Lorsqu’un enfant éprouve une émotion, la question est : « Comment puis-je l’aider à avoir conscience de ce qui se passe en lui ? ».
Mettez des mots sur son ressenti: « Je vois que tu es en colère!». Ou aidez-le à mettre des mots dessus. Laissez-lui de l’espace pour s’exprimer. Nous avons tendance à consoler. Ecoutez-le plutôt avant de le consoler: « Je vois que tu as mal ! ».
En lieu et place de l’habituel « Pourquoi ? », tentez : « Qu’est-ce qui se passe ? » ou : « Qu’est-ce que tu ressens ? », des questions qui accompagnent le vécu intérieur.
Encourager l’expression des émotions
Nos émotions sont utiles. Ce sont elles qui nous donnent notre conscience d’Être.
L’enfant cherche une permission, un prétexte pour laisser sortir ses émotions bloquées. Même l’enfant plus grand qui a accès à la verbalisation, même l’adulte, ont besoin de parler, de crier, de trembler, d’écrire pour se libérer d’émotions fortes.
L’écoute empathique
L’écoute empathique consiste à refléter ce que vous entendez dans ce que vient de dire l’enfant, en retenant les aspects signifiants, c’est à dire l’émotion, le sentiment ou le désir. Il ne s’agit pas tant d’écouter les mots que d’entendre ce qui les sous-tend.
Centrez-vous sur le mouvement intérieur de l’enfant plutôt que sur les faits. Accompagnez votre enfant et non les événements extérieurs.
S’il dit : « Je n’ai pas envie d’étudier ! », répondez : « Tu n’as pas envie du tout ! » plutôt que : « Il faut bien que tu étudies pour avoir de bonnes notes ».
Une émotion, c’est quoi ?
Une émotion est une réponse physiologique à une stimulation, à une modification de l’environnement. Tandis qu’un sentiment est déclenché par les pensées, et est donc « psychologique ». Les émotions sont à exprimer, les sentiments à décoder pour permettre à l’émotion sous-jacente de s’exprimer.
L’émotion a une double fonction biologique : réguler l’état interne de l’organisme et produire la réaction adaptée à la situation. Une émotion dure quelques minutes au plus et se déploie en trois temps : charge, tension, décharge.
Les émotions sont donc là pour éviter la perte de l’intégrité. Elles veillent à notre conservation et orientent notre croissance.
Les émotions, à quoi ça sert ?
Joie, colère, amour, tristesse, dégoût… Les émotions sont au cœur du sentiment de soi. Elles sont l’expression de la vie en soi. C’est pourquoi il est essentiel de les exprimer.
La peur aide à se préparer et à se protéger ; la tristesse accompagne les deuils ; la joie est expansion, elle nous dynamise, nous guide et favorise l’apprentissage ; la colère définit nos limites, nos droits, notre espace, notre intégrité, elle est réaction à la frustration ; l’amour nous relie à autrui.
Pleurer, crier, trembler sont des remèdes aux inévitables tensions de la vie.
Libérez les émotions !
Un événement blessant, un accident, une épreuve, une injustice ne deviennent traumatismes que si on ne laisse pas libre cours à l’expression des émotions qu’ils suscitent. Réprimer ses émotions conduit en effet à des répétitions douloureuses, à la dépression, l’angoisse et peut engendrer des symptômes physiques. Il est donc urgent d’apprendre à identifier, à nommer, à comprendre, à exprimer, à utiliser positivement ses émotions sous peine d’en rester esclaves.
Et pour se libérer d’une émotion désagréable, rien de plus facile : il suffit de la laisser s’exprimer !
L’expression d’une émotion libère, l’expression d’un sentiment le renforce !
Respecter les émotions de l’enfant
Respecter les émotions de l’enfant, c’est lui permettre de sentir qui il est, de prendre conscience de lui-même ici et maintenant, de percevoir son « aujourd’hui » en relation avec « hier » et « demain ». C’est le placer en position de sujet, le considérer comme une personne qui a le droit de désirer et non comme un objet. C’est l’autoriser à se montrer différent de nous. C’est lui donner la possibilité de répondre à sa manière très particulière à la question : « Qui suis-je ? », à construire son sentiment d’identité et de personnalité propre. C’est aussi l’aider à se réaliser, à être conscient de ses ressources, de ses forces comme de ses manques, à se percevoir avançant sur un chemin, son chemin.
Interdire à un enfant d’exprimer son émotion, c’est le laisser en tension. Empêcher un réel retour au calme. Les émotions seront alors réprimées, non dépassées.
Laisser l’enfant exprimer ses émotions
Un adulte se sent « libéré » après avoir pleuré. Pourtant, il se précipitera sur son tout petit et lui dira : « Ne pleure pas, ne pleure pas ! ». Aucun adulte n’aime voir souffrir son enfant. Nous continuons d’imaginer que l’enfant qui pleure souffre. Alors qu’il est au contraire en train de se soulager de sa souffrance.
Là réside leur sentiment d’identité, la sensation de leur existence propre.
Accueillir les émotions de l’enfant
Le petit enfant est prisonnier de l’immédiateté de sa réponse émotionnelle, sans médiation de la pensée pour relativiser les choses ou hiérarchiser les enjeux. Il est facilement envahi par ses affects et a donc besoin de nous pour l’aider à trouver la sortie.
D’autre part, il cherche bien naturellement à donner sens à ce qu’il vit. Il le fait avec les moyens du bord. Il organise et interprète ses perceptions à sa manière, à la lumière des informations, souvent incomplètes, parfois déformées, dont il dispose. Ce qui peut donner lieu à des réactions émotionnelles incompréhensibles pour les adultes.
Il est donc indispensable d’apprendre à nos élèves, dès leur plus jeune âge de s’exprimer, de s’extérioriser pour pouvoir apprivoiser la vie.
(Extrait du cours « Je et Jeux de mots »)