Depuis son apparition jusqu’à son acceptation contemporaine, le concept de handicap a suscité beaucoup de controverses. En donner une définition sur laquelle tout le monde s’accorde semble difficile. De même, trouver un terme fédérateur pour présenter le handicap est tout aussi ardu.
La terminologie utilisée à ce sujet reflète clairement l’évolution des mentalités mais aussi l’évolution des places et rôles accordés aux personnes en situation de handicap dans une société déterminée. Les termes de fou, d’infirme, de malade, d’anormal, de débile, de mongolien, d’invalide et beaucoup d’autres ont été progressivement remplacés pour arriver à la fin à mettre le terme « personne » avant toute désignation. Le dénominateur commun de ces différentes appellations est celui de décrire la personne par un seul de ses aspects, généralement ses manques et ses difficultés. En effet, malgré les avancées de la science, le vocabulaire utilisé de nos jours a le plus souvent une connotation péjorative et négative se traduisant par des terminologies défavorables et reflétant le regard social porté sur les personnes en situation de handicap. Ceci laisse transparaître la méconnaissance de la réalité de ces personnes et de leur situation et par conséquent met en relief la persistance des préjugés à leur égard. En effet, dans la représentation collective, ce concept est indubitablement associé à l’image stéréotypée du fauteuil roulant, des béquilles ou de la canne blanche.
Par ailleurs, le handicap est un terme relatif pouvant être entièrement causé par des attitudes personnelles et sociales négatives. Il est aussi situationnel d’où l’impossibilité de parler de « personne handicapée » en général puisque le handicap est défini en termes de conséquences sociales et qu’il peut varier d’une situation à l’autre, grâce à des accommodations et des adaptations particulières. Parfois, il se présente en tant que création individuelle : parfois le handicap est créé par l’attitude de la personne elle-même. Certaines personnes ayant une déficience peuvent se convaincre qu’elles sont handicapées, alors qu’elles sont en réalité capables de fonctionner comme les autres. Ceci résulte d’une mauvaise et faible estime de soi. Le handicap peut être également envisagé en tant qu’étiquette éducative négative : quand la personne est considérée comme handicapée dans notre société du fait du jugement social des autres, elle devient publiquement étiquetée et classée : « incapable », « incompétente »… Malheureusement, cette étiquette lui est collée à vie et a des répercussions négatives sur son intégration scolaire et sociale. En conséquence, la personne est considérée comme handicapée et non comme ayant un handicap. La personne et le handicap deviennent la même chose, réduisant la personne à sa déficience.
Finalement, des essais inspirés d’une approche positive ont été faits pour tenter d’abolir la terminologie marginalisante en remplaçant les catégorisations d’origine médicale par une nouvelle nomenclature liée aux besoins éducatifs spéciaux (special educational needs) (Armstrong, 2004). La notion de « déficience » ou de « handicap » tend actuellement à être supplantée par celle de « situation de handicap » en France ou de « besoin éducatif » (dit « spécial » en Grande Bretagne et « particulier » en France) (Plaisance, 2006). Cette expression qui connaît aujourd’hui un succès retentissant, désigne une large catégorie englobant les enfants en situation d’échec scolaire, comme une manière de porter spécifiquement attention aux difficultés d’apprentissage, dont l’origine tient autant à des critères non exclusivement liés au handicap. Passer du «handicap» au « besoin éducatif spécial (ou particulier) » est conçu comme une «démédicalisation » des questions éducatives (Plaisance, 2006). C’est aussi reconnaître une continuité entre les élèves avec besoins spéciaux et les autres.