« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »
Une vérité simple et pourtant extrêmement engageante pour qu’un trésor relève d’un choix, d’une décision, d’une détermination profonde. Encore faut-il savoir discerner avec une lucidité clairvoyante quel trésor saisit notre cœur, quel bonheur enflamme notre esprit et oriente notre vie.
Il y a celui que l’on consomme. On cherche à le posséder, souvent c’est lui qui nous possède et nous consomme. On dit qu’il rassasie notre faim et assouvit notre soif sans fin. Il nous emprisonne parfois dans les brillances de ses grilles. Il nous donne l’impression qu’il s’amplifie avec le nombre de choses qu’on accomplit, le rythme qu’on force, le pouvoir que l’on conquiert. Et le jour où en un clin d’œil, tout disparaît, notre cœur s’envole aussi lourd que son trésor, aussi vide qu’un souffle à emporter.
Il y a celui que l’on trouve dans les joies éphémères de la vie, dans les choses simples qui passent et qui nous regardent passer, dans les petites et les grandes merveilles de la nature qui ne cessent de se renouveler au chant d’un oiseau, au rythme d’une mélodie, aux couleurs de l’azur qui parsèment le ciel de lueurs et de magies.
Il y a celui de la reconnaissance, de la gratitude, de la louange, pour les yeux qui contemplent ces merveilles et l’ouïe qui saisit ces mélodies, pour le beau qui nous habite quand on apprend à les regarder de l’intérieur, pour l’amour qui nous recrée.
Il y a celui qui s’appelle harmonie et pleine conscience de soi et du présent, celui qui réveille la mémoire du temps et celui qui porte un souffle de l’éternité.
Il y a celui qui, à chaque instant de notre vie, nous fascine et nous engage, tel un projet, un rêve, un art, une légende personnelle qui saisit notre âme et émerveille notre être entier dans toute son intégrité.
Un tel trésor serait-il la résonnance d’une voie intérieure, d’une façon de vivre et de survivre ? Même dans les temps de misères, il sait se révéler. Il sait se rendre doux et avec art et humour, jour après jour, il parvient à les transformer.
Un tel trésor ne réside pas dans ce que l’on possède mais dans ce que l’on cherche. Il ne change pas ce qu’on a mais ce qu’on est.
Il y a ceux qui trouvent leur bonheur dans le bonheur d’autrui. En donnant par amour, ils se remplissent de paix. Ils sont heureux pour le bonheur de l’autre, ils souffrent pour sa souffrance et ils savent en prendre soin et le consoler. Leur joie se multiplie dans la qualité d’un partage, dans l’harmonie d’une communication, elle résonne dans le regard et le sourire d’autrui. Le bonheur de ceux-là est contagieux, il se multiplie en crescendo comme il dépasse la finitude de leur être et s’enracine ailleurs par altruisme, par amour ou par solidarité. Il est dans l’amour qui sauve le monde et pour lequel on consacre une vie.
Il y a ceux qui l’appellent la quête de l’inaccessible, avec leur pas sur la terre, ils tracent un regard toujours vers le ciel, vers ce qui transcende leur esprit et leur vérité. A la manière de Saint Augustin, qui dans son adoration et son dialogue intime avec le Seigneur lui dit :
« Bien tard je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais… »
« De toutes mes forces, celles que tu m’as données,
Je t’ai cherché,
Désirant voir ce que j’ai cru.
Et j’ai lutté, et j’ai souffert.
Mon Dieu,
Mon Seigneur,
Mon unique espoir,
Accorde-moi de n’être jamais las de te chercher,
Qu’avec passion sans cesse je cherche ton visage.
Toi qui m’as donné de Te trouver,
Donne-moi le courage de te chercher
Et d’espérer Te trouver toujours davantage ».
Il est vrai que le bonheur prend la forme de plusieurs visages, qu’il porte plusieurs noms dans notre vie. Mais il est certain aussi que nous sommes tous appelés au Bonheur qui ne disparaît pas, au Bonheur qui enchante et rassasie notre âme. Ce Bonheur-là est différent. Il est intérieur, il est profond, il est durable, il est entier. Il est le sens autour duquel s’articule tout sens. Aussi doux que la brise, il s’unit à notre cœur, aussi radieux que la lumière, il nous guide avec confiance. Son secret est plus qu’un choix, il faut y croire. Dans le silence profond de notre âme, on sait qu’il est là et qu’il nous accompagne.
Dunia El Moukaddam