Oui, nous pouvons. Beaucoup d’enseignants en sont la cause surtout au Liban à travers le même malheureux discours : « Nous finissons tôt, les horaires sont satisfaisants, il y a des vacances, nous n’avons rien trouvé d’autre à faire, nous enseignons en attendant de meilleurs… »
L’enseignant intègre peut-il encore se défendre devant cette honte ?
Pouvons-nous encore blâmer les parents, les élèves et leurs commentaires après avoir écouté un tel discours de la propre bouche de certains enseignants ?
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Enseigner … Est-ce se heurter à une vérité … triste pour certains enseignants immatures et inconscients ?
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Réponse :
Un enseignant intègre ne choisira pas ce métier pour le salaire.
Il ne fera pas au moins cinq longues années d’études avec amertume. Il ne décidera pas de se retrouver devant des élèves, qui ont bien d’autres préoccupations que rester en face de lui pour étudier.
Il n’entrera pas en conflit avec un élève qui ne veut pas travailler mais veut dormir ou jouer.
Il ne râlera pas devant le travail à faire à la maison le soir, le weekend ou pendant les vacances.
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Enseigner … Est-il un métier facile ?
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Réponse :
Non, d’ailleurs nous ne pouvons pas faire ce métier de façon durable sans en avoir la vocation.
Si c’était un métier si facile, alors tout le monde voudrait le faire, il n’y aurait pas autant de pénuries de bons enseignants et le métier ne serait pas tant méprisé. Personnellement, avant que je me lance dans les études pour exercer ce métier, tout le monde m’a mise en garde. Enfin ! Je ne voulais rien faire d’illégal ! Juste enseigner !
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Enseigner … Pouvons-nous décider de faire ce métier ?
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Réponse :
Oui, nous pouvons. Oui j’en étais capable à 19 ans.
Car,
J’aime les enfants et les élèves. Ils sont attachants.
J’aime être témoin d’enfants et d’élèves grandissants.
J’aime sentir cette satisfaction de voir plus tard, qu’ils ont réussi et trouvé une vocation qui leur plaît.
J’aime aider et être à l’écoute sans porter de jugement.
J’aime porter avec eux leurs douleurs et leurs joies…
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Moi, Sabine, éducatrice, j’écris ces quelques modestes mots à la veille de la fête des professeurs …
Je suis éducatrice depuis déjà 26 ans, à la file … sans arrêt … et oui au Liban.
Aujourd’hui, je suis fière de mon métier et de ce que j’ai accompli. C’est un métier difficile mais je ne l’échangerais pas. Bien au contraire, je souhaite qu’il soit un ajout, un plus, un accomplissement …
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J’aime enseigner …
J’aime, aimer, AMOUR … ce mot PILIER de ce noble métier.
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Pour clôturer, je ne peux pas ne pas mentionner spontanément:
L’Université Saint-Joseph, L’Institut libanais d’éducateurs, les professeurs, les formateurs, la promotion de 1996, cette promotion si particulière, les collègues et les amis rencontrés au fil des années dans ce lieu si attachant, les lieux où j’ai enseigné et où j’enseigne toujours, les personnes particulières croisées sur mon chemin et qui m’ont marquée à jamais … Les parents qui m’ont fait confiance et qui m’ont permis de faire partie de l’éducation de leurs enfants et de les considérer comme étant les miens … moi n’ayant pas eu la chance d’être maman.
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Comment clôturer sans mentionner Aïda Roukoz Nehmeh …
« Maître » Aïda Roucoz Nehmeh … ce nom qui signifie beaucoup pour de nombreuses personnes …
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Enfin, et si vous le permettez … une très personnelle pensée à mon compagnon de route, mon pédagogue, mon maître à moi … Jésus
Jésus qui, selon Monseigneur André Dupleix « … était proche de tous sans distinction en les considérant pour eux-mêmes … par son langage symbolique et parabolique, se fait entendre de tous en utilisant des mots et des images accessibles à tous …
Il éduque en enseignant mais aussi en faisant confiance, en aimant … »
Dernière question : N’est-ce pas ce qui est demandé d’un enseignant responsable ?